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Abus de ciné en pilules

Abus de ciné en pilules
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Abus de ciné en pilules
27 août 2005

L.I.E, Long Island Expressway - Michael Cuesta

b0000zp6ju.08.lzzzzzzz.jpeFilm americain avec Brian Cox, Paul Franklin Dano, Billy Kay et Bruce Altman (2001).

Résumé: Howie Blitzer, age de 15 ans, orphelin de mere, vit seul avec un pere corrompu par l'argent et des amis braqueurs de maisons avec lesquels il seche les cours. Mais il fait la connaissance, a l'issue d'une effraction, d'un quinquagenaire seduisant, ancien militaire homosexuel qui semble porter un interet tout particulier pour les jeunes garcons...

Ce n'est pas pour rien que j'affectionne enormement ce film puisqu'il reflete, a mon sens, toute la complexite de l'ame humaine et plus particulierement la complexite du sentiment amoureux. Tres injustement interdit aux moins de 16 ans, il traite de la decouverte de la sexualite d'un adolescent commun et de la curiosite qu'il eprouve pour cet homme qui dit avoir connu sa defunte mere. En fait, la bande se coupe en deux parties. La premiere, la plus touchante, raconte la seduction reciproque entre Howie, le protagoniste, et son meilleur ami Gary, envers qui il est attire physiquement. La premiere chose que l'on se dit est que Howie est gay et qu'il vit sa premiere experience amoureuse. Toute l'ambivalence de cette relation platonique reside dans le fait que Gary, plus "experimente" joue avec les sentiments de son ami et s'amuse a le seduire. A mon avis, Gary est aussi attire par Howie. Les scenes entre les deux personnages sont tres bien realisees, tout en pudeur et tendresse. Dans la deuxieme partie de la bande intervient l'acteur Brian Cox (vu dans X-Men2, Le Cercle, Troie, Manhunter) dans le role du pedophile. Et c'est la que tout se corse. Je ne vais pas devoiler tout le film mais une relation complexe s'instaure entre le jeune garcon et l'homme mur. D'abord, le quinquagene lui annonce, sur fond de film pornographique, qu'il fait les fellations mieux que n'importe qu'elle femme sur tout le continent. L'homme est donc potentiellement dangereux. Puis Howie, intrigue et en manque d'affection, conscient de son potentiel sexuel, se met a son tour a seduire son nouvel ami, lequel, desoriente, ne sait plus comment reagir face aux avances de l'adolescent. Un jeu ultra complexe du point de vue psychologique!
b_10000301021.jpeLes acteurs sont siderants de justesse (le jeune Franklin Dano en est la stupefiante revelation) et Brian Cox est absolument parfait dans son role de "pedophile". Le film aurait pu franchement sombre dans le rattage absolu. Un plan de trop, une replique de travers, et c'etait la catastrophe. Mais Michael Custa fait preuve d'une incroyable sensibilite et dirrige son oeuvre d'une main de maitre. Rien ne fait defaut. Car le sujet est limite, critiquable, soumis a la polemique. Le realisateur casse des tabous (on y voit l'ado s'adonner aux plaisirs solitaires), peut choquer (une scene montre l'ado a moitie nu dans les bras de l'homme mur ou raconte l'histoire d'un ami de Howie qui a des rapports sexuels avec sa soeur) mais il le fait toujours avec brio et intelligence, de sorte que, a l'issue de la projection, une reflexion approfondie s'avere necessaire.
Un film, vraiment, que je conseille a tout le monde. Je pourrais continuer a en parler durant des heures tellement le propos est profond et tout bonnement passionnant. Regardez-le et dites ce que vous en pensez. Il traite reelement de toute l'ambiguite de la sexualite et de l'amour, sous toutes ses formes, meme les plus extremes. C'est un theme que j'adore, au point d'etre en train d'y consacrer une oeuvre ecrite. Attention toutefois, certaines sequences peuvent choquer.



En deux mots: Une merveille, ce que le cinéma indépendant américain peut nous offrir de mieux.

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27 août 2005

KEN PARK - LARRY CLARK

79634251.jpeFilm franco-neerlando-americain, avec James Ransone, Tiffany Limos et Stephen Jasso.

Résumé: Ken Park est un adolescent comme les autres. Un jour, il se rend sur une piste de skate, sort un camescope qu'il focalise sur lui et se tire une balle dans la tete. Ken Park etant mort, le film peut commencer. On y suit l'ennui et la solitude de trois jeunes garcons et d'une jeune fille dont les passe-temps sont le sexe, la drogue et l'amour jusqu'a la folie.

Sa projection a ete annulee au 50e Festival de Sydney pour cause d'abus sexuel sur mineur et prise de drogue. En selection officielle a la Mostra de Venise en 2002, le film a suscite de nombreuses polemiques par son sujet et ses images. Interdit aux moins de 18 ans et considere comme film pornographique pour des sequences non simulees, KEN PARK n'est pas une partie de plaisir pour le spectateur. Je n'ai pas aime ce film pour son caractere extremement voyeur. On peut suggerer, mais j'ai du mal a comprendre la volonte de Larry Clark de filmer en gros plan et sans ellipses de telles choses. Je suis d'accord avec le fait d'en parler, de realiser des films sur le sujet, mais de la a MONTRER... C'est evidemment le defaut majeur de cete bande. Le spectateur est tantot confronte a une scene de masturbation avec strangulation tres trash (mais non denuee de sens, car l'ado s'etrangle avec la ceinture du peignoire a sa grand-mere qu'il deteste et qu'il finira par tuer) a une scene de cunillingus entre un ado et la mere de sa propre petite amie. Les situations provoquent le degout. Et pourtant, le sujet est la, bien present durant tout le film, il faut le dire, tres bien monte et coupe. La photographie est correcte et les acteurs inconnus tous excellents.
Mais revenons un instant sur le sujet du film. Les parents des ados sont tous meprisants, alcooliques, incestueux, absents. Le theme est clair: ces personnes manquent d'amour. L'une des phrases qui revient toujours est "Personne ne m'aime" ou encore "Je n'ai jamais eu de petite amie". Le lien est a faire avec le film de Gus Van Sant ELEPHANT durant lequel deux amis s'embrassent, signe d'un manque d'affection de la part de parents inexistants et de vie sentimentale malheureuse. On pourrait reflechir longuement la-dessus, car c'est un des problemes majeurs de notre temps et la cause de nombre de suicides ou de depressions. De ce point de vue, le film est passionnant. Le realisateur nous montre une fois de plus, apres KIDS, sa preoccupation pour la jeunesse et ses derapages, sa passion pour l'adolescence et ses ennuis.
Toutefois, bien que le fond et une partie de la forme soient bien menees de bout en bout de ce long supplice, je ne peux que detester le principe de Larry Clark qui consiste a systematiquement montrer, jusqu'a en etre raccoleur. L'a-t-il fait seulement pour provoquer? Dans ce cas, on pourrait se demander s'il n'etait pas plus judicieux et efficace de suggerer certaines sequences au lieu de les jeter a la figure du spectateur. Mais c'est un avis personnel.

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En deux mots: A ne surtout pas regarder en mangeant une choucroute sous peine de retapisser les murs avec.

27 août 2005

MULLHOLAND DRIVE - David Lynch

79536389.jpeFilm americain, avec Justin Theroux, Naomi Watts et Ann Miller (2001).

Résumé: Un accident survient sur la celebre route hollywoodienne. Une femme s'echappe des decombres et trouve refuge dans une maison qu'elle croit inhabitee. Elle ne sait plus qui elle est ni qu'est-ce qu'elle faisait dans la voiture. Commence alors une quete identitaire qui va aboutir a une verite fulgurante...

Quel film dense et riche! Que de conventions bousculées! MULHOLLAND DRIVE est une longue route déserte et mystérieuse qui serpente les hauteurs de Beverly Hills, elle surplombe Hollywood et Sunset Boulevard, on lui prête des histoires étranges et autres contes modernes, elle se situe entre rêve et réalité. Comme elle, le film serpente dans la tête du spectateur, se frayant un chemin malgre sa complexité, le porte durant la première partie pour l'égarer de plus belle dans la seconde. En effet, le découpage labyrinthique pourrait en dérouter plus d'un, mais l'intérêt du film réside essentiellement dans ce que le cineaste de génie appelle l'instinct. Il faut se fier à son instinct et se laisser guider par lui. La comprehension du film est multiple, propre a chacun de nous, rappelant un peu, en moins metaphysique, le 2001 de Stanley Kubrick. Son analyse doit se baser sur chaque plan car chaque plan recelle un secret dont seul Lynch a la clé. La structure de la bande, cassée en son centre, égare du coup en même temps le spectateur qui voit les personnages dans des roles differents, evoluant dans des situations différentes et totalement en contradiction avec la premiere partie. une construction scénaristique qui n'a d'égal que la beauté de la mise en scène. Les sequences s'emboitent ensuite dans des flash-backs successifs dont la maitrise hors du commun laisse pantois. La fin en forme de cauchemar est un dénouement étonnant pour un film qui ne l'est pas moins. Lynch nous gratifie d'une reflexion sur le rêve et la réalité, mélangeant les genres (c'est a la fois une comedie, une romance, un melodrame, un film d'horreur, un western) sans complexe, et surtout avec un génie hors du commun. On rit puis on est effrayé quelques minutes plus tard. Lynch a le chic pour nous mettre mal à l'aise et certaines scènes ne manqueront pas d'apeurer les plus sensibles des spectateurs. N'ayez pas peur de vous perdre et aventurez-vous sur Malholland drive, vous ne l'oublierez jamais! Cette critique est volontairement très courte car dans ce blog j'ai fait l'analyse complète, scène par scène du film, comme une grille de lecture. Je vous donne donc rendez-vous quelques pages plus loin afin de consulter ce dossier spécial dont vous trouverez le lien dans le sommaire. Bonne lecture et surtout bonne compréhension!

En deux mots: l'un des meilleurs films de ces dix dernières années.

rita

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